Un été à Majorque

« À Majorque, je la vis enfin comme je l’avais rêvée, limpide et bleue comme le ciel, doucement ondulée comme une plaine de saphir régulièrement labourée en sillons dont la mobilité est inappréciable, vue d’une certaine hauteur, et encadrée de forêts d’un vert sombre. » Georges Sand, Un hiver à Majorque.

Majorque est une île qui vient compléter une collection déjà foisonnante d’îles de méditerranée que j’ai pu découvrir :

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2010/04/27/besoin-d-lles-8468001

Plus qu’une île, je la définirais comme un territoire unique. On sent alors l’insolence d’une culture mauresque et andalouse, un caractère propre, atypique et vivant.

Dès les premiers jours passés dans cette île de l’archipel des Baléares, je trouve que Majorque a une odeur. Une odeur de chaud, mais d’un chaud particulier, oscillant à la fois entre celle de l’amande grillée et de la crème solaire.

Je parcours Palma, et je me me revois déambulant dans les rues de Séville. Le Palais royal de l’Almudaina, ancien palais des princes arabes, résidence principale du roi d’Espagne, est un lieu mystique, comme une agrégation de différentes périodes historiques que l’on aime visiter quand le soleil a baissé la garde.

Des petites rues étroites ombragées, aux patios uniques, « véritables préaux » pour Georges Sand, Majorque est pleine de richesse.

« les Majorquins ont mis un grand luxe dans la construction de leurs habitations particulières. Tout en suivant la même distribution, ils ont apporté dans les vestibules et dans les escaliers les changements de goût que l’architecture devait amener. Ainsi l’on trouve partout la colonne toscane ou dorienne ; des rampes, des balustrades, donnent toujours une apparence somptueuse aux demeures de l’aristocratie. »

Et puis, il y a les petits villages de la Serra de Tramuntana nichés comme des aires à flanc de montagne.

Il y a d’abord Soller accessible par les rails. On prend alors un train sans age, qui traverse les champs d’oliviers, les tunnels et qui à l’approche de la destination laisse découvrir un panorama unique avec comme agréments des champs de citronniers et une gare sans doute unique au monde, une gare-musée ou l’on peut en particulier y voir des Picasso.

De la, vous pourrez accéder en tramway au joli port de Soller pour s’y baigner.

Et puis, si l’envie de vous prendre pour George Sand, vous anime, si l’envie d’aller enquêter sur cette romance que l’écrivaine a eu un temps avec Chopin, vous ne pourrez pas, ne pas préluder à Valldemossa.

Je vais probablement habiter un cloître merveilleux dans le plus beau site du monde : j’aurai la mer, les montagnes, des palmiers, un vieux cimetière, une église de croisés, les ruines d’une mosquée, des oliviers millénaires. Je suis près de ce qu’il y a de plus beau au monde. Je me sens meilleur. »

Mais le climat hivernal et humide de Majorque, marque le début des symptômes d’une maladie (la tuberculose) qui commence gravement à entraver Chopin. Loin d’un cadre romantique, la châtreuse devient pour le couple une sorte de prétombeau, où Chopin écriera ses préludes, et Georges Sand un essai à la fois sincère, acide et désespéré sur cet endroit, que le pianiste avait qualifié d’étrange.

Pourtant, Valldemosa a du charme. La ballade dans la roseraie, le parcours vers l’église en descente vers des petites rues anonymes, loin de l’hostilité décrite par l’auteur de la « Mare au Diable » nous rend ce petit village bien plus hospitalier que ce que nous aurions pu penser.

Pour grimper un peu plus haut,vous passerez d’abord faire une étape à Pollença, port de pêche paisible ou il fait bon se reposer.

Et si vous vous sentez l’âme d’un aventurier et que l’ascension d’une route serpentant en descente et en montée ne vous effraie pas, vous pourrez accéder à une vue imprenable du cap de Formentor. Ici, un panorama a 360 degrés vous fait prendre la mesure d’un paysage sauvegardé.

Un peu plus bas, des jolies plages vous attendent.

Et puis loin des plages, il y a l’autre Palma, celle de la maison et de l’atelier de Miro aujourd’hui transformés en fondation et le musée Es Baluard. Une respiration culturelle loin des plages, mais qui donne aussi à Palma une richesse culturelle insoupçonnée. Choix artistique que l’on retrouve aussi dans les hôtels.

Il reste aussi la gastronomie majorquine du carpaccio de poulpe, au gaspacho en passant par les tapas ou autres pâtisseries.

Reste à acheter quelques souvenirs et à écrire quelques cartes postales pour raconter cet riche été majorquin.

Publié par xylophon29

Curieuse et concernée

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