J’ai renoncé à l’excursion, je suis remonté dans ma chambre, je me suis allongé sur le lit et j’ai ouvert le dépliant, une carte illustrée de la ville, avec des rues blanches sur fond beige, des jardins nuancés de vert et le Danube bleu. (…). Si je choisissais d’emprunter une transversale, j’étais à deux doigts du centre historique de Buda, un ensemble irrégulier de rues, frappé d’autres flèches, et de cercles de diverses couleurs, et de croix signalant les églises, et d’astérisques renvoyant à un index avec des explications, je voulais promener calmement mes yeux sur cet ensemble urbain. (…) cheminer ainsi sur une carte ne m’ennuyait pas, peut-être parce que j’ai toujours eu la vague sensation d’être moi aussi la carte d’une personne » Chico Buarque
Chaque voyage est la promesse d’une nouvelle naissance, d’un nouveau départ.
C’est très particulier les départs. Un départ pour un pays que l’on ne connait pas, un pays dont ne maitrise pas la langue, ni la monnaie.
Il y a toujours ce tiraillement étrange qui vous prend à l’aéroport. Comme un battement d’aile d’un papillon, qui voudrait pour se rassurer, qu’on lui valide son chemin : on oscille alors entre cette forme d’excitation nouvelle et une angoisse bienveillante.
J’ai voulu partir en Irlande comme on affronte les éléments les jours de tempête, le pas décidé avec l’envie de faire the dingle way comme une aventurière des temps modernes à la fois pour me prouver que j’en étais capable, mais parce que j’avais aussi besoin de me ressourcer au travers du paysage et de cette nature sauvage qui font la grandeur de la verte erin. Finalement, je n’ai pas eu la possibilité de faire cette marche, elle reste dans mon sac à dos des voyages pour l’année prochaine.
A défaut de l’Irlande, je suis donc partie en Hongrie, visiter la capitale Budapest.
Je suis arrivée à Budapest, un peu comme on arrive par hasard, comme ce moment, où au croisement de deux rues, vous détournez la tête et vos pieds changent machinalement de direction.
La Hongrie, restait pour moi comme une énigme : je me rattachais avant d’atterrir à quelques références glanaient çà et là.
C’était le pays de quelques dates, du traité de Trianon de 1920, dépouillant le pays d’une grande partie de son territoire, mais surtout de l’insurrection de 1956 à Budapest, les résistants hongrois attaquant les chars soviétiques, mais surtout la fameuse tactique du salami, dont le nom m’avait fait sourire lors de mes cours d’histoire au lycée, nom donné par l’homme politique hongrois Mátyás Rákosi, chef du Parti communiste hongrois, pour décrire l’élimination progressive des pouvoirs extérieurs au communisme (Église, autres partis, etc.), « tranche après tranche, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien ».
Plus récemment, j’avais entendu parler de la Hongrie par les quelques sorties quelques peu déconcertantes de son premier ministre Victok Orban pour un pays de l’union européenne.
http://www.liberation.fr/planete/2017/07/15/viktor-orban-la-haine-en-tete-d-affiche_1584032
Je partais donc à la découverte de Budapest.
J’ai découvert d’abord Pest, parce que mon hôtel était situé près de l’opéra dans ce très chic quartier Lipotvàros, tout proche d’Andrassy ut, les champs Élysées de Budapest. Trajectoire communiste, grande avenue, célébration des héros, tout cela ressemble parfois à l’urbanisme de Berlin-Est. Mais résumer Budapest à son passé communiste serait lui faire offense.
Car en remontant, cet interminable boulevard aux boutiques de luxe et aux grandes maisons parfois un peu défraichies, une fois passé un pont magique, on trouve le Bois de Ville Varosliglet, et on tombe alors pâmée, sous le charme d’une Budapest, à la fois féerique, surprenante, et reposante.
Dans cette promenade d’un autre temps, où l’on peut s’imaginer en calèche, habillé comme à la belle époque, on découvre, le château de Vajdahunyad et un peu plus loin les fameux termes Széchenyi Gyogyfurdo qui font la une des catalogues des sites touristiques.
Ces termes là, j’avoue les avoir un peu snobés. Je voulais buller tranquillement. J’ai donc pris mes pieds et découvert le métro pour me rendre de l’autre coté à Buda.
Dans une matinée joliment ensoleillée, à ce moment où le soleil n’est pas encore trop haut pour vous éblouir, j’ai longé la rue Bem Rakprat avec vue le Danube, pour avoir un autre regard sur Pest, et notamment sur ce flamboyant Parlement en partant de la station de métro Batthyàny Tér.
Je suis arrivée à Kiràly Gyogyfurdo qui sont les plus vieux termes de Budapest construits par deux pachas Arslan, et Mutapha Sokoli.
Là, je me me suis sentie comme hors du temps et hors du monde, comme plongée dans l’histoire d’un pays qui fut aussi un moment un territoire de l’empire ottoman, me rappelant ainsi mes déambulations à Istanbul.
https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2010/08/26/deambulations-a-istanbul-9250027/
J’étais là, sous une grande coupole, ajourée de puits d’une lumière scintillante, barbotant dans une eau médicinale à 37 degrés. De là, il est ensuite facile d’aller grimper vers la colline de Kiraly Var, le château surplombant les hauteurs de Buda dans lequel se trouve la galerie nationale hongroise. J’y ai découvert le peintre expressionniste Csontvary.
Sur cette colline, avec vue imprenable sur Pest, il faudra aussi visiter Vàrnagyed, la Vielle ville. Vous y découvrirez l’église de Mathias, syncrétisme de l’histoire mouvementée de la Hongrie, puisqu’elle fut à un moment une mosquée. Et vous pourrez observer son toit original à l’image de l’église St Étienne à Vienne avec des tuiles vernissées multicolores
https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2014/04/17/il-faudra-repartir-18270007/
En déambulant, vous pourrez juste à coté longer le bastion des Pécheurs, remparts énigmatiques avec leurs tourelles évoquant des tentes magyares
Et puis il y a aussi le quartier juif, à quelques rues d’Andrassy, la rue piétonne de Vàci Utca qui vous mène vers Kozponti Vàsàrcsarnok, la Halle centrale avec donc différentes échoppes où l’on trouve des fruits, de la viande, et aussi des souvenirs touristiques pas très intéressant.
Coté gastronomie, j’avoue ne pas avoir été tentée par la goulasch: l’air extérieur avoisinant les 37 degré dehors. J’avais envie de fraicheur et j’ai donc testée les glaces. Certes, elles étaient bonnes, mais sans commune mesure avec celles que j’avais mangées à Zagreb.
https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2009/08/30/retour-de-croatie-partie-6856726/
Dans les monuments à visiter deux sont pratiquement indispensable à visiter: il s’agit de la Basilique Saint Étienne et du Parlement.
Dans cette basilique monumentale, après avoir pour les plus courageux, montés d’ innombrables marches, vous aurez une vue magistrale sur tout Budapest.
Le Parlement, deuxième plus grand parlement européen après Westminster, fort de ces 19 000 m2 impressionne à l’extérieur mais aussi à l’intérieur pour notamment ses nombreuses ornementations en feuilles d’or mais aussi la solennité de la relève de la garde qui protège la couronne des rois de Hongrie.
Autre expérience imprévue , parce-que Budapest est désormais une terre de tournages, vous pourrez peut être croiser Tom Hanks ou Harrison Ford…
http://www.lavoixdunord.fr/95431/article/2016-12-27/budapest-nouvelle-usine-reve-hollywoodien
Enfin, il vous faudra prendre le temps d’une croisière sur le Danube, fleuve de l’inconstance pour Châteaubriant. Une petite balade fluviale pour en poursuivre une plus terrestre, celle de la visite de l’ile Marguerite.
Budapest a cette beauté discrète qui la rend captivante. Elle n’a pas l’insolence de Vienne, ni l’agitation de Berlin, mais elle connait ses atouts, et n’a sans doute pas besoin d’un quelconque faire-valoir
C’est une ville-capitale dont laquelle on pourrait vivre, parce qu’elle sait laisser la place à une douceur de vivre, à des instants précieux.
Alors on s’arrête ici pour se détendre dans des eaux thermales enveloppantes, là pour prendre le temps de s’asseoir sur un banc d’une place ou d’un parc magistralement arborés et on respire.