Partir à l’aventure

There’s no sense in going further —         
it’s the edge of cultivation, »
So they said, and I believed it —

Till a voice, as bad as Conscience,
rang interminable changes
In one everlasting Whisper
day and night repeated — so:
« Something hidden. Go and find it.
Go and look behind the Ranges —
Something lost behind the Ranges.
Lost and waiting for you. Go! »

Kipling, The explorer,

Il n’y  a pas de sens à aller plus loin, c’est de le bord de la civilisation. C’est ce qu’ils dirent et c’est ce que j’ai cru. Mais toujours cette voix aussi mauvaise conscience a intercepté ces dires. Dans un chuchotement éternel, nuit et jour répété: quelque chose est caché, va et trouve le. Quelque chose perdu derrière les collines. Perdu et qui vous attend. Allez!

Dans « The lost city of Z », Percy Fawcett est un homme paisible sans grande ambition. Après avoir servi son pays, il aspire au calme et à la tranquillité. La proposition de projet de partir cartographier l’Amazonie, pays encore inconnu, le laisse dubitatif, pire il voit cela comme une punition. Mais voilà que le militaire, presque à ses dépens, devient explorateur et aventurier et que cette aventure va changer sa vie.

Nicolas Bouvier, est mon écrivain voyageur préféré. J’ai lu pratiquement tous ces livres, et à chaque fois, j’ai eu un sentiment magique et métaphysique de partager ses émotions, ses déceptions, son regard sur ce monde qu’il trouve à la fois si beau et si désenchanté.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2013/06/02/le-vide-et-le-plein-de-nicolas-bouvier-16082353/                                                                 https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2011/06/16/l-usage-du-monde-de-nicolas-bouvier-11328270/                                                            https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2016/05/16/segarer-en-sardaigne/

Au-delà des lignes de cet écrivain voyageur, j’ai souhaité comprendre qu’est-ce qu’il l’avait guidé dans cette quête d’absolu, dans son rapport si particulier à l’écriture et dans cette drogue du voyage qui pouvait créer le manque chez lui, comprendre donc cette dépendance, que j’ai parfois moi-même en tête depuis que j’ai en particulier visité le Vietnam;

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2015/05/21/traverser-le-monde-pour-se-rendre-au-vietnam-20437830/

J’ai donc lu la biographie de Nicolas Bouvier, « L’œil qui écrit » de François Laut et j’y ai découvert une fragilité et une vulnérabilité de l’auteur que je ne soupçonnais pas. Les écrivains qu’on aime sont parfois comme des personnages de fictions, nos héros littéraires à nous, mais parfois donc en contradiction avec l’image de l’admiration qu’on leur porte. Comment quelqu’un qui écrit s’y bien peut avoir eu une vie si chaotique?

Je crois au voyage plus comme une respiration, un enrichissement,  qu’au dépouillement ou à une quête de l’absolu. Et si j’y vois une forme de drogue, elle est sans doute très différente de Nicolas Bouvier.

J’ai appris par le voyage mais en ramenant l’expérience à moi-même, à me dire aussi que ces déambulations m’ont amenées à surtout m’ouvrir aux autres et à grandir dans ma compréhension du monde. En cela, il y a entre le voyage, dans l’écriture et le travail quelque chose d’assez similaire. Ma non capacité à me résoudre face mon  insatiable curiosité, ma volonté de toujours comprendre  et appréhender les choses pour me les réapproprier avec  cette volonté de partager et de transmettre.

James Gray, film avec classicisme les évolutions de notre aventurier de cette jungle hostile, entre les panthères et les cannibales. Il filme, loin des loft new-yorkais, auxquels on était habitués dans Two Lovers, la quête d’un homme qui va se perdre lui même, entrainant avec tragédie son fils dans ses délires de civilisation perdue.

 » J’ai des illusions, c’est exact, j’en ai beaucoup qui n’attendent que moi pour les rendre réelles. »

Ces quelques mots de Nicolas Bouvier, nous résume le biographe, font que le « voyage s’inscrit dans cet art de la vie où l’écriture est latente, où les paysages sont une paroles, où il faut regarder et écouter pour que surgisse l’absolu.

Dans sa quête de l’absolu, comme Percy Fawcett, Bouvier s’est parfois égaré. A vouloir sans doute le livre parfait, celui dont chaque écrivain rêve d’écrire en secret. Sa difficulté aussi à vivre la contraction entre « le besoin sans cesse renouvelé de l’ailleurs et la nécessité d’écrire ». « L’homme se veut nomade, l’écrivain est sédentaire: l’homme ne voyage pas toujours comme il devrait, l’écrivain n’écrit jamais comme il voudrait ».

Extralucide sur ces contemporains et sur le rôle de l’écrivain, Nicolas Bouvier ne semble pourtant pas accepter ce monde telle qu’il existe. « Les gens s’attendent à ce qu’on s’inscrive dans la société, ils vous enfoncent comme une pistache dans le nougat social. Tous vous pousse à avoir une épaisseur, mais laquelle? L’écrivain n’est pas un démiurge, au mieux un interprète..Le plus souvent un vaguemestre, il fait la poste entre les mots et les choses. »

Contradiction encore entre la volonté d’être un écrivain reconnu et sa gêne à recevoir les honneurs pour ses ouvrages. Ambiguïté du rapport au temps dans une volonté d’un perfectionnisme qui paralyse le plus brillant des écrivains de voyage. « Mon erreur c’est de vouloir écrire avant de penser » et je rajouterai aussi de trop penser avant d’écrire.

La vie de Nicolas Bouvier, c’est son œuvre et inversement: une œuvre qui ne triche pas, qui se donne entièrement, des livres d’une sincérité ravageuse sur le monde. L’écrivain ne s’est pas ménagé, il s’est aussi perdu en cours de route, moins sur les chemins de traverse que dans sa quête de lui même.

Mais c’est sans doute aussi dans ces contractions, dans cette vulnérabilité que se construisent les écrivains avec trois repères pour gardes-fous dans cette vie qu’est le voyage:

Savoir dépasser ses peurs dans la bienveillance faite à soi-même et aux autres

Apprendre à se débarrasser de ses certitudes qui paralysent au lieu d’accompagner

Exister, écrire, ici et maintenant.

La relève: de Spinosi à Millepied

J’ai pour l’art comme un profond respect. Le respect d’être là, au berlin philharmonic orchestra, assise devant des musiciens, dans un lieu, considéré comme la meilleure salle de musique classique du monde. J’écoute. Tout semble profondément irréel et pourtant tout prend sens. 

Qu’il y a t-il de commun entre un chorégraphe de 39 ans, danseur étoile du New York City Ballet, ancien Directeur de la danse du ballet de l’opéra de Paris, et un chef d’orchestre de 52 ans, Fondateur de l’Ensemble Matheus, distingué comme « meilleur chef lyrique en 2007 », qui  parcours le monde et joue même dans les avions.

Qu’est-ce qui relie donc Benjamin Millepied et Jean-Christophe Spinosi?

D’abord ils donnent envie, envie d’aller voir de la danse, envie d’aller écouter de la musique, parce qu’ils ont une approche humaniste de l’art, parce qu’ils ont compris que désacraliser n’est pas antinomique de transcender, parce qu’ils vivent leur travail comme  une démarche de plaisir et surtout de partage.

Je suis allée en janvier voir l’Ensemble Matheus jouer les ultimes symphonies de Mozart. Ce chef d’orchestre qui « En superficie est très bavard et en profondeur très sentimental » sautille comme un cabri, et aime avec générosité parler des morceaux  joués par son orchestre. Et cela surprend dans ce monde tellement suranné de la musique classique. Comme un peu à maitre d’école qui a du respect pour ses élèves, il nous prend par la main pour nous inviter à comprendre le contexte, l’histoire et les subtilités musicales d’une œuvre.

J’ai regardé également le documentaire « La rélève », portrait d’un jeune chorégraphe qui découvre les méandres et aussi les lourdeurs de l’Opéra Garnier, mais avec la puissance du souffle créatif fait vivre à ces danseurs, et aussi au spectateur une aventure humaine.

Il y a chez ces deux créateurs donc un rapport à l’art que j’aime. Non figé, non statufié non plus, ils rendent cela plus accessible sans être pour autant moins exigeant.

Et puis, il y a autre chose, quelque chose de plus discret, mais pas moins grand, bien au contraire. Il y a chez deux artistes, un profond humanisme. Le gout des autres, de ceux qui vous entourent, de ceux avec qui vous travaillez au quotidien. Comme un exemple pour tous les managers, les directeurs qui animent ou fédèrent des équipes.

Benjamin Millepied, prend soin de  ses danseurs, parce qu’il sait que sans eux, il n’est pas grand chose. Ils les guident alors avec attention vers eux-même.

Jean Christophe Spinosi a aussi cette bienveillance altruiste: un regard, des mains qui se serrent, un geste affectueux sur l’épaule.

Elle est donc là la relève, Benjamin Millepied, Jean Christope Spinosi, deux contemporains passeurs de arts, dans nos vies submergées par le tumulte du monde.

Respirer au Canada

Une barque a glissé au fil de la rivière
Une vie s’est perdue et je ne sais toujours pas
D’où lui venait ce goût qui ne faiblissait pas
Pour le Canada
D’où lui venait ce goût qui ne s’expliquait pas
Et rien que des photos que ses yeux ont usé
Lui qui ne bougeait pas et préférait rêver
Du Canada
Dominique A

J’ai depuis mon enfance une passion pour les peuples autochtones. Fascinée par leur rapport à la nature, leur culture, leur vision du monde.

Les indiens d’Amérique mais aussi les esquimaux dont j’avais en figurine tout un troupeau de chiens de traineau, de phoques, un igloo et une famille que j’imaginais, bien sur, habitant les terres du grand nord canadien.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2008/04/18/la-triste-histoire-indienne-4063478/

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2008/08/06/sur-les-pas-de-geronimo-bush-a-t-il-vola-4552668/

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J’avais donc rêvé depuis longtemps de partir au Canada comme pour donner réalité à un pays onirique que j’imaginais grandiose.

Je partis donc pour cette terre d’Amérique du nord, et plus particulièrement pour le Québec et je ne fus pas déçue.

En atterrissant à Montréal, mi-décembre,  je découvrais d’abord le froid. Celui à – 17 vous qui pique aux joues, et qui vous fais sentir plus vulnérable que jamais, soumis, plus que tout autre ailleurs, à la volonté d’un climat qui décide si vous pouvez vous mouvoir ou non.

Le lendemain, en plein décalage horaire, je pris la route, la transcanadienne, le long du Saint Laurent, peuplée de camions magistraux, qui vous donnent à eux seuls une idée de toute la grandeur du pays.

Je découvrais surtout des paysages incroyablement beaux,  des sapins saupoudrées d’une neige légère, un nuancier de bleu-gris-clair soutenu par une lumière magique.

J’arrivai enfin à ce chalet tant espéré dans la région de Charlevoix, posé au milieu de la grandeur des cimes et entouré d’une neige extravagante.

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On arrive ici profitant de ces instants de lenteurs pour se poser vraiment pour des activités qui n’existent plus dans notre monde hyper-connecté:  lire au coin du feu, manger du fromage couic couic ou des bagels aux bleuets ou tout simplement ne rien faire.

J’avais presque trouvé ma villa Amalia à moi, et à défaut d’une cabane dans les forets de  Sibérie, mon chalet au Canada

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2010/04/27/besoin-d-lles-8468001/

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2009/04/19/villa-amalia-59697

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2012/02/25/dans-les-forets-de-siberie-de-sylvain-tesson-12932736/

Il y a quelques escapades qui vous donnent une idée de la beauté de ces paysages figés, comme endormis dans le silence de l’hiver.

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J’ai ensuite quitté ces terres de quiétude, pour Québec et Montréal, sans avoir croisé ces orignaux dont les nombreux panneaux ornent le bord de la route.

Visiter la cœur historique de la ville de Québec quelques jours avant Noël, avec de gros flocons qui tombent sur le Château Frontenac met en condition: des rues piétonnes pavoisant de leurs plus beaux atouts

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Et puis j’ai regagné Montréal. Là, j’ai découvert la NHL car j’ai pu aller voir un match de Hockey au Centre Bell pour y voir jouer les Canadiens, l’équipe de Montréal.

Même si vous n’aimez pas le hockey, arpenter les allées du centre bell et voir toute cette effervescence  autour de ce sport national est passionnant.L’engagement des joueurs est également impressionnant.

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Pour finir,  j’ai déambulé dans les rues de Montréal, visité ses quartiers. Profondément éclectique architecturalement, cette ville m’a fasciné parce qu’elle semble à la fois européenne et américaine, parce-que je trouve que les québécois et les montréalais semblent plus spontanés, plus joyeux, plus conviviaux que les français, parce-surtout il semble ici, dans cette ville aux cent clochers, y avoir un vivre ensemble propice à une énergie vectrice d’un humanisme bienveillant.

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J’me suis arrêté pour observer la nuit tomber sur Montréal.
Et dernier clin d’œil du soleil changer les couleurs du mot royal.
Les phares des voitures ont rempli les interminables avenues
J’me suis senti serein, un peu chez moi, un peu perdu
J’me suis réfugié dans un Starbucks afin d’finir de gratter
Mon p’tit hommage sur cette ville où j’me suis senti adopté
Sur ces habitants tellement ouverts qui parlent un drôle de patois
Et qui m’ont offert leur écoute, à 6000 bornes de chez moi
Je reviendrai à Montréal car j’ai eu bin du fun
Cette ville où les cheums ont des blondes et où les blondes ont des cheums
J’ai pas encore vu grand-chose, j’veux découvrir et j’sais pourquoi
Je reviendrai à Montréal voir les cousins québecois
Grand corps malade

De quoi Emmanuel Macron est-il le nom ?

On nous le présente comme le sauveur, le messie. Il a pour lui un cv qui pourrait faire pâlir n’importe quel Politique : énarque, et presque philosophe, banquier d’affaires et serviteur de l’État. Plutôt bel homme, avec un aplomb certain, ses citations à n’en plus finir, on aimerait tant croire à Emmanuel Macron.

Mais on n’y croit pas :

Je suis toujours méfiante et interloquée de ces Hommes qui se présentent comme le renouveau alors qu’ils sont le pur produit du sérail. Je suis toujours sceptique de ces Hommes qui se croient seul, et assez intelligent pour faire de la politique autrement et qui prétendent vouloir sauver la France.

Je n’ai rien contre l’ambition et les ambitieux, mais je crois aussi à l’expérience et surtout au collectif. On est jamais meilleur que quand on sait s’entourer de gens plus brillants que soi…Or Macron est seul et surtout plein de certitudes.

Je ne crois plus aux partis politiques, qui sont des appareils dépassés et oligarchiques, qui ne permettent plus surtout le débat et l’émergence d’idées nouvelles.

Mais je crois encore aux idées politiques et à une certaine efficacité de l’engagement, et j’aime juger les gens sur les faits pour savoir s’il seront en capacité un jour de gouverner la France.

Or qu’a fait Emmanuel Macron depuis qu’il n’est plus énarque ou banquier d’affaires.

Sur la forme: As en sorties fracassantes et maître dans le rétropédalage

Il a surtout en tant que Ministre de l’économie été très mauvais communiquant en pratiquant une stratégie finalement assez clivante et assez bizarre : As en sorties fracassantes pour devenir ensuite maître dans le rétropédalage.

http://www.europe1.fr/politique/emmanuel-macron-expert-en-sorties-fracassantes-et-en-retropedalage-2666465

J’ai moi beaucoup de mal avec ce type de comportement, car je ne pense pas qu’un jour on puisse dire une chose et son contraire en fonction de l’opinion publique.

Je trouve qu’il y a dans cette attitude, ce jeu de déclarations faites de petits mots un comportement qui fait beaucoup justement de maux à la classe politique.

Les français n’ont jamais eu autant besoin de cohérence et d’honnêteté  dans la mise en œuvre de l’action publique

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2009/05/26/le-mepris-des-gens-honnetes-6181527/

Sa déclaration sur le fait qu’il n’est pas socialiste, ne fut pas ce qui m’a le plus étonnée. Oui, il est social démocrate: tout le monde avait compris.

Mais, il y a chez lui, je trouve une difficulté à se dire de gauche et une ambiguïté qu’il entretient. En fait, ce que je reproche à Emmanuel Macron, c’est ce ne pas assumer ni son projet ni son positionnement. Pourquoi ne va-t-il pas au fond des choses, pourquoi reste t-il dans le flou? Sur ce plan là, j’ai envie de dire qu’il n’a pas de leçon à donner à François Hollande: il fait exactement pareil.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2013/04/05/hollande-un-president-a-contre-temps-15723606/

Sur le fond: Que retenir d’Emmanuel Macron ministre?

La loi El-Khmri. Une loi votée au forceps qui ne satisfait ni les syndicats, ni le patronat.  Une croissance qui reste fragile, un chômage toujours aussi élevé et surtout une politique des autocars, qui concurrence les trains et qui surtout prône le tout-voiture, ce qui est un peu gênant dans un contexte de réchauffement planétaire.

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/08/30/quel-bilan-pour-emmanuel-macron-au-gouvernement_4990086_4355770.html

Bref, peu de choses finalement efficace, ou qui ont pesées sur l’action publique.

Un bilan très maigre. Alors oui, vous me direz que choupinou, n’avez pas les mains libres, corseté dans ce gouvernement par Valls. Certes, on n’a pas vu la loi Macron 2, mais je ne suis pas sûre qu’on y aurait trouver d’avantage d’efficacité.

Emmanuel Macron n’est pas un politique, c’est à la fois sa force et sa faiblesse.

Hors système certes, mais sans ancrage électoral, sans surtout légitimité politique.

Il est tant donc qu’il aille faire un peu de terrain pour comprendre les logiques territoriales et les attentes des français qui sont, eux, fatigués de ces hommes politiques providentiels.

 

 

 

 

Choisissez tout de Nathalie Loiseau

« Choisir, c’est sans cesse rejeter celui que tu es, pour celui que tu pourrais être. C’est l’esprit d’aventure ». Paul La Cour

Il y a dans le terme choisir, un antagonisme à double tranchant. On peut, ainsi, dans un premier temps voir le mot choisir comme un élément statufié, figé : choisir, c’est alors renoncer.

Ou inscrire choisir dans une logique de mouvement, plus positive, celle de se dire que choisir, c’est aussi pouvoir se donner la liberté d’un parcours et d’une ambition.

En découvrant le titre du livre de Nathalie Loiseau, la Directrice de l’ENA, on pourrait croire à un parcours linéaire fait d’une toute puissance, d’une arrogance, à l’image de « La promesse de l’aube » et pourtant il n’en est rien.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2012/06/17/ajar-plutot-que-gary-13888936/

Le livre débute sur un paradoxe: celui d’une jeune femme brillante,  bachelière à 16 ans, qui enchaine Science Po et l’Inalco, réussi un des concours les plus difficiles de la fonction publique d’état, celui du ministère des affaires étrangères, mais qui finalement reste, une jeune femme « capable de faire une très grande carrière, sous réserve qu’elle en ait l’ambition.  »

Et puis, un jour, quelque chose a basculé « Ma chance, mon immense chance, c’est que je me suis révoltée, que je n’ai plus eu envie d’être bonne élève. Et ça a tout changé. »

Je n’ai pas la prétention d’être aussi brillante que Nathalie Loiseau, ni l’ambition de faire l’ENA, mais au travers de cette expérience partagée, je me suis assez retrouvée dans cette image de cette jeune cadre sérieuse et rigoureuse, qui au moins au début de ses premières années de sa carrière, n’avait ni l’envie, ni le sentiment d’être en capacité de prendre des postes à responsabilité.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2010/06/15/faire-carriere-et-prendre-sa-retraite-8812655/

Alors en lisant, cet ouvrage, comme un peu une sorte de vademecum d’un parcours initiatique d’une jeune femme en devenir, j’ai enfin compris que  ni l’autocensure, ni l’arrogance, n’étaient les meilleurs alliés pour progresser professionnellement.

« Calmons-nous, prenons du recul et apprenons l’humilité, qui souvent nous manque : personne d’autre que nous ne nous demande d’être parfaites. »

« On existe juste ce qu’il faut mais surtout pas trop. Ne pas dépasser. Ne pas éclipser. »

Il y a donc des ouvrages, que l’on devrait lire avant de commencer à travailler, parce que peut être qu’à défaut de nous avoir fait gagner du temps, ils nous auraient aidé à ne pas trop en perdre.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2010/12/07/jours-de-doutes-10138436/

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2015/09/20/parceque-ines-de-la-fressange-ma-appris-a-relativiser/

Parce qu’ils  nous auraient peut être  aussi appris qu’il faut, plutôt que de rester à regarder les autres, avoir aussi l’ambition de vouloir participer aux débats et aux questionnements.

Qu’à défaut d’être attentiste ou abstentionniste, il est important d’expérimenter, de se tromper, même si parfois on doit nager en eaux troubles, même si parfois on doit se faire violence pour s’autoriser à  progresser,  à convaincre et à se croire compétente et légitime.

Si les femmes « veulent y prendre leur place, il leur faudra d’abord plonger dedans et apprendre à nager, peut-être en se pinçant un peu le nez. Mais certainement pas en se tenant au bord de l’eau. »

Oui, j’ai longtemps regarder les autres en me disant que je ne saurais pas capable, pas en capacité, pas à la hauteur.  J’ai longtemps voulu être la bonne élève sans trop me poser de question, et puis j’envisageais un métier d’expert, de spécialiste, peu exposé, et finalement très confortable.

Et puis pour avoir croiser des personnes incompétentes à des postes à grande responsabilité, pour avoir eu des opportunités professionnelles qui sont venues interroger mes certitudes de confort, je crois que plus ça va, moins j’ai envie de devenir cette spécialiste, cette experte, parce que peut-être ai-je goûté à l’ennui de l’expertise, parce que je sais aujourd’hui qu’occuper un poste à responsabilité, c’est aussi une chance.

Parce qu’il y a aussi dans le management des Hommes, quelque chose qui vous oblige à la fois à l’exigence et à l’humanisme, à la fois à la souplesse et à la structuration, à construire une expertise pour surtout la déléguer ou la partager.

Alors oui, moi j’aurais aussi aimé avoir un « patron » , « Un patron, un vrai. Il fonctionnait sur un principe simple : il emmenait ses collaborateurs partout. » Ce ne fut pas le cas pour l’instant, mais je désespère pas d’en croiser un.

J’aurais aussi aimé avoir une sorte de guide qui m’aide dans ce monde du travail, qui me donne parfois un mode d’emploi car au moins au départ,  je me suis sentie , assez décalée, assez perdue.

J’aime beaucoup l’approche  de Nathalie Loiseau (c’est là qu’on voit l’ancienne DRH ), qui vise juste à mon sens, en proposant une sorte de boite à outil, et de bagages nécessaires pour aider ceux qui manquent de ce  quelque chose, qui fait dans le monde professionnel, toute la différence.

« Pour ceux qui tâtonnent encore, ne pas leur dire ce qui leur manque, c’est ne pas croire à leurs chances, ne pas vouloir les intégrer vraiment, complètement »

« Ceux qui savent déjà, parce que leur famille les y a préparés d’une manière ou d’une autre, ceux que Bourdieu appelait les héritiers et qui disposent d’un capital d’aisance sociale et professionnelle. Et puis il y a ceux qui débarquent. »

J’ai aimé aussi son approche de la haute fonction publique et de ses constats sur les liens entre l’administration et le politique. Sur la nécessité de la méthode et l’organisation et sur le fait que le haut fonctionnaire ne doit pas être qu’un serviteur de l’État mais qu’il se doit aussi d’être proactif.

Sur l’idée aussi, que les réseaux et l’entraide, sont sans doute aussi le meilleur moyen pour apprendre et de s’enrichir professionnellement.

« L’idée qu’on puisse réellement améliorer ces conditions de travail en commençant par s’attaquer aux méthodes est, elle, une idée assez orpheline. »

« Pourquoi ne font-ils pas davantage, ne conseillent-ils pas plus, ne pèsent-ils pas du poids de leur intelligence plutôt que de celui de leur savoir-faire »

J’ai aimé son approche bienveillante, sur ses collaborateurs. Une incarnation d’un humanisme, d’une modernité et d’une exigence qui manque assez je trouve dans la fonction publique aujourd’hui.

Alors non, je ne ferai pas l’Ena, pas par manque d’ambition, mais par manque d’envie, parce-que j’ai envie un peu à l’image de la fille de Toni Ermann à la fin du film de privilégier le qualitatif sur le quantitatif. Choisir mieux, sans trop tergiverser et surtout sans se mettre de barrières.

« Foncer. Saisir sa chance. Faire confiance à ceux qui vous font confiance. Si on vous propose quelque chose, c’est qu’on vous en croit capable. Arrêter de s’autocensurer. Prendre un job difficile, ce n’est pas se condamner à souffrir, c’est, au prix de vrais efforts, découvrir qu’on en est capable et qu’on peut y apporter quelque chose. Une énorme satisfaction. »

Baguenauder à Porto la baroque

« Pendant que Lisbonne se fait belle, Coimbra étudie, Braga prie et Porto travaille »

Il y a, quand on découvre certain pays un sentiment d’appartenance qui se crée sans parfois même que vous vous en rendiez compte. Non pas que vous vous sentez comme chez vous, non, mais il y a des valeurs qui vous semblent, ici et là, comme familières.

Depuis que j’ai visité le Portugal en particulier Lisbonne, j’ai senti avec ce pays un lien affectif particulier. Je crois que j’ai ressenti dès que j’ai découvert ces terres, une forme d’authenticité, d’honnêteté et de me modestie qui m’a tout de suite plu.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2012/07/06/se-regenerer-a-lisbonne-14060545/

Alors une comme une envie de creuser en peu plus, comme une envie aussi de balbutier quelque mots en portugais, j’y suis retournée, il y a une semaine, dans une ville qu’on appelle Porto.

Alors oui, Porto n’a pas la beauté orgueilleuse de Lisbonne. La ville blanche a laissé la place a quelque chose de moins monochrome, ou de plus terne, selon les goûts.

Mais peut être aussi de moins sage, de plus bouillante, de plus vivante aussi. L’art y est omniprésent, par les artistes de rue, par le choix radical de construction contemporaine, par ses musiciens, par ses galeries nombreuses.

Comme si pour concurrencer sa grande sœur, Porto avait joué la carte de la différence, celle d’une métropole ancrée dans son siècle avec cette envie de transmettre et de partager son énergie  communicative.

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Casa da Musica
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Casa de Serralves

Porto a quelque chose de plus médiévale que Lisbonne , avec ses multiples églises et cette cathédrale unique Sé surplombant la ville sans discussion aucune. De plus combative, de plus râpeuse et rugueuse aussi: même le Douro à l’air moins sage, moins pacifique que le Tage.

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Cathédrale de Sé

Le douro,  ce fleuve  qui oscille entre le bleu, le vert, le doré qui méandre avec ses courbes douces passant sous de multiples ponts art déco ou art nouveau, qui sépare Porto entre vielle ville et ville nouvelle, pour se plonger vers l’atlantique, et ses perspectives de départ.

O rio, liso e espelhado como uma chapa de vidro azul e verde. Uma extensa cordilheira de colinas, cobertas de pinheirais e desenhando no espaço vaporoso e húmido as curvas mais suaves e as perspectivas mais graciosas e mais risonhas..

 

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Douro

Cet atlantique plein de promesses, qui ouvrait la route vers le brésil et ses échanges , fondateurs de cette ville de commerce.

Un océan flamboyant mais aussi rebelle qui laisse peu de place aux amateurs de baignade mais les plus belles vagues aux surfeurs aguerris.

 

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Loin de Lisbonne est de son classicisme, Porto est baroque mais au sens premier d’une perle irrégulière. Un baroque qui se retrouve aussi dans le romantisme de ses rues et de ces jardins extravagants.

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Baguenauder à Porto, c’est donc passer des quais des maisons de porto, aux plages de l’océan atlantique, des méandres des jardins aux collines de la ville neuve, du musée de la photographie qui se situe dans une ancienne prison à la Casa Musica, salle de concert qui rendrait jalouse n’importe quelle capitale européenne.

Vivre Porto c’est donc vivre ce Portugal riche et multiple qui veut/ quero plus que d’autres pays -estar, sentir, viver- qui veut peut-être plus que d’autres pays-être, sentir et vivre.

 

Ce sentiment de l’été de Mickael Hers

“ L’été arrive, et la vie devient facile.”

Je cherche en ce moment le soleil entre les nuages et les gouttes. Nous sommes le 1er juillet mais il fait un temps d’automne depuis un mois.

Difficile alors de se projeter sur des envies de divaguer les pieds nus sur le sable, de buller dans un hamac ou de refaire le monde le temps d’un repas qui s’éterniserait au soleil couchant.

Nous sommes en été. Sacha, française trentenaire, vit à Berlin avec son ami allemand Lawrence. Et puis tout à coup, la vie s’arrête. Sacha meurt brusquement. Lawrence et la sœur de Sacha se soutiennent pour ne pas sombrer au travers de trois villes-monde: Berlin, Paris et New-York.

Le temps

Le temps du deuil est le temps de l’intime: chacun fait comme il peut avec sa douleur et ça prend du temps.

Le temps donc de plusieurs étés, où à chaque fois, Lawrence et la sœur de Sacha s’écrivent ou se voient comme pour garder le lien de cette figure disparue, comme pour aussi s’épauler l’un l’autre, pour essayer, malgré tout d’avancer.

L’espace

Je crois depuis toujours au lieux, à l’environnement qui nous entoure. J’aime voyager, arpenter, déambuler parce qu’il y a sans doute une façon de mettre les choses à distance, pour se recentrer ensuite mieux sur soit-même.

Mikael Hers a une façon de filmer les villes presque comme des personnages bienveillants qui accompagnent Lawrence et la Soeur de Sacha.

Comme en quête de repères et de sens, comme en besoin aussi de se livrer l’un l’autre face à une douleur inextricable,  ils cheminent donc à travers Berlin, terre de finitude du Bauhaus, ville de la réconciliation entre bouts de murs et friches industrielles;  Paris, ville lumière, plus classique, plus structurante  et rationnelle; et pour finir New York plus underground, plus déjantée.

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La vie

La caméra discrète de Hers suit donc deux trentenaires abimés, blessés par la vie, oscillant entre la difficulté de la perte d’un être cher et l’obligation d’abord de survivre puis de revivre à nouveau.

Parce-que malgré soi, malgré l’autre disparue, sans forcement faire sens, la terre continue de tourner et le Monde de renaitre tous le jours.

Pas de doutes ici, on a affaire à ce qu’on appelle un cinéaste, un vrai, celui qui a un point de vue, un regard, une esthétique.

Malgré le sujet difficile du film, il y une pudeur exemplaire qui s’y dégage: rien n’est appuyé, tout est subtil, presque léger à l’image des parapentes qui évoluent au dessus du lac Léman. A l’image aussi de cette bande son qui divague entre désespérance et renaissance.

Ce sentiment de l’été est donc un film doux, forme de résilience et d’ode à la vie.

S’égarer en Sardaigne

« Pour frayer un sentier nouveau, il faut être capable de s’égarer. »
Jean Rostand

J’avais bouclé ma valise après qu’une grippe A post hivernale m’avait légèrement fait tituber. Il était donc question, non de destination choisie, ni de voyage préparé, mais d’aventure maitrisée et de repos nécessaire.

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Quelques pays me faisaient alors des clins d’œil: le Portugal, la Grèce ou l’Italie.

Le Portugal reste pour l’instant mon pays d’Europe préféré et si l’on me demandait d’y vivre, je crois que je dirais oui tout de suite.

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J’aime tellement cette douceur de vivre, cette tranquillité maitrisée, que j’y apprends même cette langue si belle mais affreusement difficile à prononcer.

Finalement, la Sardaigne s’imposa à moi, non pas comme une évidence, mais comme le choix du raisonnable. J’allais donc découvrir une autre île, moi qui en collectionnait déjà quelques unes.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2010/04/27/besoin-d-lles-8468001/
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Alors, j’ai arpenté une île mystérieuse et surtout sauvage.

Mais, moi qui aime tellement s’approprier et s’imprégner d’un lieu, j’avoue m’être perdue en Sardaigne.

Pourtant, j’avais amené les même outils que d’habitude: mon appareil photo, deux livres de Nicolas Bouvier, et ma curiosité.

En même temps, les choses avaient un peu mal commencé: ce livre de Nicolas Bouvier « Le poisson scorpion » m’était tombé des mains. Loin très loin de l’usage du monde ou de ses chroniques japonaises.

Je cherchais donc dans cette île quelque chose qui me parle, me fasse écho, me raconte une histoire.

Le premier regard, me fit penser à des paysages proches du massif du Biokovo découverts durant un périple en Croatie: des montagnes-arides plongeantes dans des criques d’une eau incroyablement translucide.

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Mais la Sardaigne ne ressemble peu finalement à ces terres de l’adriatique.

Évidemment, de part son localisme géographique, je pensa à la corse mais là non plus, je ne retrouvais, ni les couleurs du golfe de porto, ni les éclats de la vallée de la Restonica.

J’ai cherché dans les villages pour me raccrocher à quelque chose . Et là non plus, je n’ai rien compris.

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Quand aux villes, je n’y guère trouvé plus de succès malgré quelques jolies places structurantes d’un urbanisme hétérogène.

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Je fis des kilomètres à la recherche d’une Sardaigne peut être idéalisée, ou trop anticipée, trop formatée, trop imaginée.

Or la Sardaigne que j’ai cru apercevoir est âpre, sauvage, dure.

Inaccessible sans doute en une semaine, difficile à cerner en 3 ou 4 escapades.

Mais quelques images restent d’une terre de liberté, faite d’une nature sauvegardée, éclairée par une luminosité à vous donner mal aux yeux même lorsque le ciel se couvre.

Peut être donc qu’il y a lieux pour lesquels il faut savoir lâcher prise, et cesser de vouloir tout comprendre ou expliquer. Exigeante d’une force de simplicité, la Sardaigne se vit au moment présent, à l’image finalement de l’Irlande.

Je retrouvais alors cette cohérence rassurante et mon auteur préféré avec « Le journal D’Aran ». La Sardaigne n’est pas une île de la méditerranée mais a sans doute quelque chose de celte en elle.

« Il est faux de croire que lorsque la vie est faite de peu, on brode. C’est le contraire: avec un vent de quatorze Beauforts qui condamne trois mois sur douze les îliens à un mutisme presque total on n’a pas le temps d’enjoliver, on va à l’essentiel. »

« J’étais heureux que cette équipée admirable nous ait marqués. C’était comme une encoche sur un couteau d’assassin. Si on ne laisse pas au voyage le droit de nous détruire un peu, autant rester chez soi. »

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Concourir

“Dans un examen, des gens qui ne veulent pas savoir posent des questions à des gens qui ne peuvent pas répondre.” Walter Alexandre Raleigh.

Voilà comment je pourrais définir mon oral, cet examen que j’ai joliment raté avec je crois une folle et naïve insouciance.

J’y allais pour dire combien j’étais compétente, ce qui relève déjà du surréalisme chez moi, tant ma capacité à me vendre n’est indéniablement pas mon point fort.

J’y allais pour montrer mes valeurs, mon engagement, mon implication, mon envie. Mais et citant Jacques Chirac,  « ça a fait pschitt », comme le financement occulte du RPR…

J’ai donc eu cette chance inédite et insoupçonnée après avoir bafouillé de jouer donc à question pour un champion, alors que moi, petite attachée lambda, je pensais prendre de la hauteur sur l’organisation, le management, bref ce que j’avais cru comprendre de mon environnement professionnel.

Il y a sans doute ici, une logique qui m’a échappée et surtout beaucoup de candidats qui, ce jour là,  avaient su, contrairement à moi, marquer le jury autrement que par des balbutiements approximatifs.

Quand je suis sortie de là, je me suis faite la réflexion de savoir si le temps passé à faire des fiches bristols, à répéter mon oral, à lire les multiples et nombreux rapports des inspections générales avaient été utile. Sans doute pas pour le concours, pour le reste, j’avoue ne pas savoir très bien.

Et puis j’ai pensé à eux, oui à eux, aux Politiques qui se déclarent, jour après jour, d’abord comme candidat à la candidature, puis comme candidat tout court à la Présidentielle.

A ces femmes, et à ces hommes, inconscients de l’âpreté du chemin, de la naïveté d’une ambition qui date sans doute ici déjà depuis l’enfance.

J’ai pensé à toutes ces visites, à toutes ces rencontres, à ces oraux télévisuels, ponctués de joutes verbales et de passes d’armes plus ou moins loyales.

Et puis j’ai fait comme un point sur le casting et j’ai trouvé cela assez morose, assez déprimant.

A droite, ce n’est plus une primaire, c’est une foire à la candidature. Il y a ceux que l’on attendait, et puis d’autres, qui semblent venir plus pour le spectacle que pour sa finalité.

Sarkozy est là comme un énième retour.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2014/11/23/si-j-etais-sarkozy-19749637/

Juppé, l’homme providentiel.

C’est quand même assez étonnant cette classe politique qui nous fait croire au renouveau avec un homme qui a plus de 70 ans et qui a quand même occupé un peu près toute les fonctions dans la cinquième république. Sans faire ici dans d’âgisme primaire, je trouve assez préoccupant en France, cette tradition de rester encore au pouvoir alors qu’il me semble parfois sain de savoir laisser sa place aux autres…

Bruno Le Maire, a le profil de l’outsider, celui qu’on attendait pas. Plutôt centriste de droite, il a pour lui, la cohérence, celle qui veut d’abord qu’il  applique à lui même son programme: la démission des énarques qui font de la politique.

Nathalie Kosciosko Morizet, qui s’était un temps égarée sarkozyste, semble revenir elle-aussi sur un chemin plus en phase avec ses idées, chemin qui n’a pas toujours été simple dans une famille où il en a fallu avaler des couleuvres…

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2008/04/10/du-rififi-dans-la-majorite-on-execute-de-40

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2011/06/19/l-etat-des-forces-en-presence-11342475/

Et puis, il y a les Fillon, Morano, Copé, Lefebvre…

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/03/30/qui-sont-les-candidats-a-la-primaire-a-droite_4892375_4355770.html

Au centre, il y aura sans doute des voix à prendre, et l’UDI qui a refusé de concourir au sein de la primaire des Républicains, a sans doute eu raison, pour une fois d’assumer le plébiscite centriste plutôt que d’aller se diluer chez les cousins de droite. Reste à savoir, si cette formation pourrait aussi rallier des centristes de gauche, sociaux-démocrates, déçus du hollandisme.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2014/11/21/l-udi-de-jean-claude-lagarde-19742146/

A gauche, on a Mélenchon, qui a découvert soudainement une passion pour l’écologisme et mis fin ainsi à son programme productiviste. Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, mais il semble bien seul pour avancer et fédérer autour de lui.

Chez les écologistes, on parle d’une candidature de Nicolas Hulot, avec l’idée d’un recours à la société civile pour mettre fin aux errements technocratiques d’un pouvoir qui manque d’une vision et d’une approche surtout pragmatique des problèmes de la société.

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2011/04/09/la-societe-civile-au-secours-du-politique-10975961/

Je ne crois pas aux idéologies et j’attends, moi, avant tout d’un homme ou d’une femme politique, qu’il ou elle soit efficace dans son action publique. Il n’est pas normal que dans un pays aussi riche, le taux de chômage soit aussi élevé…

J’avoue que j’aimerais que Christine Taubira soit candidate parce qu’il y a chez elle le désir de faire, d’expliquer et de transmettre. Parce qu’il y dans sa façon de parler le respect des autres.

Parce qu’on manque, en plus d’efficacité, aussi cruellement d’humanité chez les Hommes Politiques.

Parce que redonner du sens, cela me semble primordial dans les années qui viennent…

La magie de Stephan Eicher

“Nous oublions souvent de sentir la magie du moment présent et pourtant, c’est elle qui bâtit le scénario de notre vie.” Michel Bouthot

La musique tient une place importante dans ma vie, parce qu’elle a justement ce pouvoir magique de vous rendre à votre vie, ici et maintenant.

J’en joue mais surtout j’en écoute beaucoup.

Je suis fan de Folk, de Pop mais d’une pop plutôt rock, celle qui grince, qui transpire à vous donner des frissons.

Une pop dense, incarnée, qui donne à réfléchir. Oui car,  j’aime aussi le sens d’un texte qui va droit au but. J’aime les mots engagés qui parlent à notre humanisme plutôt qu’à notre nombril.

J’aime donc Sixto Rodriguez, Bob Dylan, Anthony Hegarty, Eliott Smith, Cat Power, Cat Stevens

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2013/06/03/sugar-man-16086748/

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2012/06/29/juste-dylan-14004586/

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2009/04/16/anthony-hegarty-la-voix-du-siecle-5957361/

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2008/08/02/eliott-smith-4532655/

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2008/05/16/deux-cat-pour-le-prix-d-un-des-musiciens-4183747/

Il y a des chanteurs que l’on découvre donc par le hasard d’une programmation de radio. Et puis il y a des chanteurs que l’on connait par notoriété, dont a croisé le nom plusieurs fois sans s’interroger réellement sur leur musique.

J’aime Bashung, Thiéfaine, Miossec parce que j’ai pris le temps de découvrir leurs disques et leurs textes exigeants. Parce qu’il y a ici une profondeur, un cri, une sincérité que l’on retrouve finalement chez peu d’artiste.

Je ne sais plus très bien comment j’en suis venue à aimer la musique de Stephan Eicher.

J’ai toujours connu le Musicien, parce-que être née dans les années 80 et ne pas avoir entendu parler de Déjeuner en paix, serait finalement assez surréaliste. Parce que, surtout, Eicher, c’est finalement cet être familier pour chaque français qui aime un peu la musique et le rock.

Mais il y a deux ans environ, je me suis intéressée un peu plus à ses chansons. Et j’ai eu comme un coup de foudre musical.

J’aime cette musique envoutante, entêtante,  cette voix rauque et rassurante. J’aime cette guitare folk, ce rock mélodieux addictif.

J’aime cette musicalité, ces paroles qui font sens et qui résonnent en moi.

Il y a chez ce musicien, un humanisme transcendant, celui qui vous donne l’impression, après une cure de Stephan Eicher d’être plus ouvert, plus humble, de vous être recentré sur vous pour être disponible pour les autres.

Samedi soir, j’ai poussé ma curiosité à aller le voir en concert. Et j’ai retrouvé cette magie indéfinissable qui parcourt ses chansons.

Eicher est un alchimiste, qui avec ses automates musiciens, se renouvelle tout en gardant l’essence même de son art.

Celui qui vous fais vibrer le cœur, vivre des moments intenses, comme une parenthèse enchantée.

Celui qui construit des ponts entre « rêves et réalité », entre la vie, la musique, la poésie et la littérature.


Je crois que j’en voulais trop
J’ai même eu ce que je n’voulais pas
Chaque jour je me tenais prêt
Je guettais l’heure et la page
Ou les eaux s’ouvriraient
Me laisseraient un passage
L’espoir me faisait vivre
L’attente me rendait nerveux
Je trouvais dans les livres
De quoi patienter un peu