S’initier au temps des iles

Comme un rêve d’écrivain que je ne suis pas, je m’imagine souvent dans une petite maison de bord de mer, aménagée simplement. Il y aurait là quelques meubles: un bureau, une chaise, un lit, du papier et quelques crayons. Pas d’ordinateurs, pas de téléphones, juste moi et l’écriture…

Ce ne serait pas un ermitage, pas un exil, mais juste une parenthèse pour prendre le temps de réfléchir, d’observer le monde, et de prendre du recul. A l’image de l’héroïne de Villa Amalia, une cabane avec vue sur l’océan, tout simplement…

https://deambulationsterrestres.wordpress.com/2009/04/19/villa-amalia-5969760/

Louis Brigand, professeur de Géographie à l’UBO, spécialiste reconnu des iles, a fait cette expérience sur l’ile de Beniget pendant un mois. Pour prolonger ses recherches, sur les iles et les iliens, ce chercheur de terrain a voulu vivre cette expérience pour comprendre les sentiments de ces hommes et femmes qui vivent l’insularité.

Au delà de cette aventure personnelle, il parle dans ce livres des îles sous toutes leurs formes, de ces iles provisoires qui ne se découvrent que le temps d’une marée, de ces endroits de Russie ou du Chili qui s’ils ne sont pas des îles sont également en proie à l’insularité. Il y évoque justement les transformations de ces terres que sollicitent de plus en plus les stars, les chefs d’entreprises, ou plus simplement le touriste de passage.

Il décrit également les sentiments partagés que l’ont peu éprouver dans ces endroits pas tout à fait comme les autres: sentiment de liberté, d’autonomie mais parfois également sentiment d’isolement ou de perte de repères.

Comme un microcosme de notre société, les iles résument les problématiques d’aujourd’hui: entre développement nécessaire et protection de l’environnement, les îles entrainent conflits et demandent plus qu’ailleurs une gouvernance qui diagnostique des enjeux pour mieux répondre aux différents usages de ces terres pas comme les autres.

Loin d’un livre catalogue d’iles que l’auteur refuse de nous livrer, à l’image de ces sites qui classent les plus belles plages du monde, besoins d’îles s’offre comme un champs des possibles. Il parle de ces collectionneurs d’îles, de cette passion qui l’a fait surtout voyager, de la richesse des populations, et des territoires qu’il a pu découvrir.

Des îles, j’en ai visité quelques unes. La première,la plus proche de chez moi, fut Ouessant, sauvage et mystérieuse. Belle île? sans doute, j’étais trop petite pour me rappeler des paysages. Ré surement, mais peut on encore la considérer comme une île, vaste débat. Groix,et sa plage convexe. Et puis il y a ces îles de méditerranée, bercées par le soleil: la Crète et l’ilot de Spinalonga, Lokrum (cf ma dernière photos) sur la mer Adriatique et ses paons. Enfin, la dernière Batz (mes trois premières photos), près de Roscoff, terres de primeurs et de pécheurs, avec ses plages de sables fins.

Sans rentrer moi non plus, dans une classification du non sens, la notion d’île au delà de sa définition géographique, revoit finalement à notre rapport au monde, aux endroits auxquels on s’attache, aux lieux qu’on décide de faire siens. Dubaï et ses îles artificielles n’ont pas d’intérêt nous rappelle Louis Brigand, et si « ile idéale n’existe pas », « chacun trouve dans l’île » et au-delà « ce qu’il a envie d’y trouver ».

L’île initie sans doute aussi à la patience et à la relativité. Un lieu où l’on apprend que « celui qui se dépêche perd son temps ». Il serait bon alors d’inviter trois semaines Sarkozy sur l’île de Beniget. Peut être alors verra-t-on la rupture?

Plus sérieusement parlez moi des îles que vous aimez ou des lieux auxquels vous êtes attachés.

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Publié par xylophon29

Curieuse et concernée

2 commentaires sur « S’initier au temps des iles »

  1. Je vis en plein milieu de la France…pas d’îles pour moi, si ce n’est en rêve : j’aimerais visiter la Corse – et pas pour ses plages mais pour ses gens, son histoire, ce qu’elle est. Sinon j’ai découvert Bréhat il y a quelques années, avec….le sentiment curieux de devoir m’y risquer sur la pointe de pieds pour ne pas déranger, l’impression d’une intrusion grossière là où je n’avais finalement rien à faire…et le sentiment que les touristes y viennent comme on va au zoo…C’est très beau, Bréhat….mais j’en suis revenue avec un autre regard, une pudeur et un respect pour les endroits qui ne sont pas chez moi et qu’il m’arrive de visiter – et plus jamais comme une « touriste » qui conquiert et s’impose, mais dans la discrétion et, oui, le respect.

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