S’émerveiller en Algarve

Il y a des animaux qui- je ne sais pas pourquoi, plus que d’autres, ont ce soupçon de magie qui ouvre les imaginaires. Il y a des oiseaux énigmatiques dont on parle avec incertitude en se demandant s’ils existent vraiment parce-qu’on les a croisés seulement en peinture ou en dessin animés. Et quand on les découvre là, au lointain, avec leurs fines pâtes, quand on les aperçoit à l’horizon, on s’émerveille alors de ce moment extraordinaire, de passer de l’illusion au réel, de transposer l’image du flamand rose en papier à celui qui vit en groupe au large de l’ile de Tavira.

J’avais ce besoin de prendre le large pour sortir du début de grisaille de cet automne qui commençait à me chiffonner.

J’avais besoin de me sentir libre et vivante comme si durant ces 2 mois, je m’étais obligée à prendre sur moi en me sentant particulièrement prisonnière et en pilote automatique: comme si, je n’étais plus en capacité ni de m’enthousiasmer, ni de savoir d’ailleurs où était parti cet enthousiasme.

Il y a avait dans cette routine, un réel sentiment de lassitude et une incompréhension tangible de ne pas savoir quoi faire avec.

Ce coup de fatigue passagé, je l’avais anticipé à mon retour de Budapest, parce-que je sais désormais que le voyage est pour moi le seul remede à tout: il oblige en ne laissant ni le droit à la complainte ni à la lassitude.

Voyager c’est se mettre en mouvement, c’est requestionner un fonctionnement, c’est apprendre à aller vers l’inconnu, à décider de sa journée, à partager, à faire vivre mon insatiable curiosité.

J’ai déjà ici parlé de mon amour pour le Portugal et de ce coup de foudre que j’ai eu le premier jour où j’ai posé mes pieds à Lisbonne. Je n’ai jamais compris pourquoi, je n’ai jamais su ce qu’il s’était passé, mais depuis, j’ai avec ce pays comme un lien particulier.

Je m’étais dit que mon prochain rêve était d’aller voir les flamands roses, et je m’étais donc décidée à réserver 5 jours en Algarve dans la  région du parc naturel de la Ria Formosa.

J’ai découvert d’abord Olhao, port de pêche reposant,  par la simplicité des habitants, par les couleurs pastel de ces habitations, par l’intrigante voisine-cigogne, par cette marina proche d’un marché couvert qui n’existe nul par ailleurs, et par ce coucher de soleil extravaguant de générosité.

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J’ai ensuite visité Faro à 10 minutes de train de la gare d’Olhao. La ville n’est pas très grande et l’on peut aisément en faire le tour en une demi-journée. Je retiens surtout la vue de la cathédrale qui permet d’appréhender l’étendue et la beauté lumineuse du parc régional de la Ria Formosa.

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Et puis j’ai repris le train, non plus pour Faro mais pour Tavira. Le cœur de la ville est joli, et l’influence mauresque plus prégnante que dans les autres citées visitées. J’ai forcement ici pensé à Cordoue avec son pont et aussi aux maisons blanches de l’Albaicín à Grenade.

J’ai ensuite pris le large en ferry pour l’ile de Tavira  et c’est là alors que le cœur battant, comme à l’instant où l’on passe du rêve à la réalité, j’ai aperçu les flamands roses tant recherchés.

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Enfin, et c’est ce que j’ai préféré dans mon voyage, j’ai visité les iles de Culatra et d’Armona. Je me suis levée à 5h30 du matin pour prendre le ferry à l’aurore. A ce moment si particulier  où le soleil sort encore timidement le bout de son nez, à ce moment si spécial où les iles appartiennent encore à la quiétude de leurs habitants.

Des iles, je commençais à en avoir vu quelques unes, mais celles-ci étaient différentes.

Moins orgueilleuses que les iles aux princes, moins caillouteuses que celles de l’adriatique, moins sauvages que nos iles bretonnes.

En posant le pied sur cette ile de Culatra, j’ai eu comme un coup de foudre.

En allant vers la grande plage, prenez le temps de traverser cet sorte de dessert agrémenté de plantes aux odeurs de curry, prenez le temps de vous poser là, et de vous émerveillez devant l’océan en dégustant une pateis de nata, prenez le temps de vous baigner dans ces petites criques aux eaux translucides

 

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Armona est différente mais non moins attachante. L’ile n’est pas très grande et en une demie journée vous en aurez fait le tour. Mais prenez le temps d’observer ces maisons blanches qui sont chacune différente et prenez surtout le temps de vous perdre pour approcher ce lac intérieur.

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Que retenir alors de ce voyage? La beauté d’un territoire où l’alchimie entre l’homme et la nature ne font qu’une.

C’est la main tendue de cette vieille dame, c’est la bienveillance de ce monsieur qui me croyant perdue voulait m’aider, c’est ce regard étincelant de vie de cet homme en fauteuil roulant.

Nous nous étions enfin rencontrés. On chemine longtemps côte à côte, enfermé dans son propre silence, ou bien l’on échange des mots qui ne transportent rien. Mais voici l’heure du danger. Alors on s’épaule l’un à l’autre. On découvre que l’on appartient à la même communauté. On s’élargit par la découverte d’autres consciences. On se regarde avec un grand sourire. On est semblable à ce prisonnier délivré qui s’émerveille de l’immensité de la mer.

Saint-Exupéry

Publié par xylophon29

Curieuse et concernée

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